Pourquoi rendre compte de son travail régulièrement ?

Pourquoi rendre compte de son travail régulièrement ?

Pourquoi c’est important de rendre compte de son travail à ses supérieur·es ou ses client·es ? C’est quoi nos excuses ? Est-ce qu’elles sont valables ?

Dans cet article, je lutte avec force contre une croyance que j’ai eu longtemps : au boulot, c’est trop chiant de rendre des comptes à sa·on supérieur·e hiérarchique. Alors oui, c’est chiant, de base. Ok. Mais ça peut devenir encore plus chiant de ne jamais le faire.

Pourquoi c’est aussi pénible que contre-intuitif de raconter ce qu’on fait au taf ?

Et qu’est-ce que ça apporte de le faire ?

Quelle méthode pour le faire ?

Restez avec moi, on va voir ça ensemble.

Combien ça coûte, de ne pas rendre compte de son taf ?

Quand j’étais salariée, ou en mission “indépendante”, je ne rendais compte de mon travail qu’en des circonstances très précises :

  • quand on me le demandait — généralement, il y avait un doute sur mes réalisations
  • et c’est tout.

Concrètement :

  • on pouvait me reprocher d’avoir manqué un truc
  • je n’avais aucun feedback, jamais — sauf ☝️

Côté ressenti :

  • je me sentais plus souvent prise en faute qu’autre chose. Au bout d’un moment ça tape fort sur le système.
  • j’avais l’impression d’être la petite main indispensable, mais invisible de l’histoire.

Et en général :

Quand je rencontrais des situations où un compte-rendu des tâches était fait ou demandé, je trouvais ça louche.

Pour un·e chef·fe, demander un cr régulier des tâches effectuées, ça me semblait un moyen de fliquer ses équipes, voire une manière passive-agressive de signifier son manque de confiance.

Pour un·e employé·e, rendre compte de son travail pouvait passer pour du léchage de bottes, avec ce soupçon toxique (plus ou moins fondé) d’en dire plus qu’iel en fait “vraiment”.

Dans tous les cas, on ne voyait que les mauvais côtés :

  • perte de temps pour l’employé·e qui doit rapporter sa moindre action
  • sentiment de manque de confiance de sa hiérarchie
  • inégalité entre les membres d’une même équipe, lorsque toustes ne font pas ce compte-rendu (ou pas à la même fréquence).
Pourquoi rendre compte de son travail régulièrement ?

Alors que, bon sang !

C’est primordial que vos collaborateur·rices, boss compris·e, soient au courant de ce que vous faites. Vous êtes missionné·e pour une chose, il faut bien que quelqu’un ou quelque chose sache que cette chose est faite.

Par ailleurs, c’est le meilleur moyen d’attirer des feedbacks réguliers sur votre travail… or, la reconnaissance par ses pairs est un besoin avéré de l’être humain (ce n’est pas moi qui le dit).

Pourquoi on ne le fait pas ?

Pourquoi c’est louche de raconter à sa·on boss ce qu’on fait au quotidien ? Pourquoi c’est complètement insupportable qu’on nous demande de le faire ?

En en parlant autour de moi, et en me remémorant ma propre expérience, j’ai rassemblé un bon nombre de réserves.

  • “on devrait pouvoir travailler en confiance”
  • “c’est le projet dans son résultat final qui prouve que le travail est fait”
  • ma·on boss ne pigerait rien de toutes façons.
  • “et quand je vais faire pipi, je le mets aussi dans le cr ?”
  • “ça prendrait du temps”
  • “c’est injuste pour mes collègues”
  • “ça nourrirait ses critiques (négatives)”

Panorama des meilleures excuses

Prenons ces réserves une à une, si vous voulez bien 🧐

“On devrait pouvoir travailler en confiance”

Alors ça, ça n’a rien à voir.

Premièrement, un argument qui commence par “on devrait”, ce n’est pas un argument. Moi aussi j’aimerais que tout le monde comprenne les trucs sans avoir à leur expliquer. On ne veut pas fonder nos actions sur un idéal qui n’existe pas, ça n’a aucun sens. On agit en vrai sur des choses qui existent en vrai.

Et puis, quelqu’un·e qui vous fait confiance, ne va pas la retirer si vous lui rendez compte de tâches effectuées.

Si vous faites confiance à votre boss pour connaître la valeur de votre travail, tant mieux !

Pour le vérifier, demandez-vous : c’était dans quelles conditions, la dernière fois qu’iel vous a remercié·e ou félicité·e pour votre travail ? Comment en est-iel venu·e à vous faire un retour sur vos actions ? Et dans tout ça, c’est quand la dernière fois qu’iel vous a fait un feedback consenti et attendu ?

“Le projet dans son résultat final est bien assez parlant”

Certes, si le projet a lieu comme prévu, on peut se dire que les tâches pour y arriver ont été faites. Mais qui raconte la complexité du travail accompli ?

Si le résultat final diffère du projet initial (= à peu près le cas tout le temps), qu’est-ce qui raconte le chemin parcouru pour expliquer ce gap ?

Et en cas d’échec du projet, est-ce que ça veut dire que rien n’a été fait ?

👆 dans ces cas-là, croyez-moi, vous voulez avoir rendu compte de votre travail avant le résultat du projet.

Pourquoi rendre compte de son travail régulièrement ?

“Ma·on boss ne pigerait rien de toutes façons.”

Ça, je l’entends souvent. Et je l’ai pensé, fort, pendant longtemps.

Mais justement : comment lui faire comprendre votre taf autrement qu’en lui en parlant ? Comment s’attendre à ce qu’iel y pige quelque chose, si à aucun moment vous ne lui parlez de vos réalisations ? Ou, pire, si vous ne lui en parlez que quand vous vous sentez obligé·e de le faire ?

Alors ok, les premières fois, ça peut être un peu cryptique pour ellui. Faites des synthèses assez générales pour commencer, en faisant le lien avec son projet à ellui : quel aspect du projet votre action a-t-elle fait avancer ? Avec quel impact ?

Oui, c’est relou de devoir faire de la pédagogie sur son job à sa·on boss.

Mais au fur et à mesure de vos synthèses (ça peut prendre quelques mois, soyez patient·e), il y a de fortes chances pour qu’iel soit plus familier·e avec votre manière de travailler, ce qui simplifie les compte-rendus.

“Ça prendrait du temps”

Indéniablement. Mais un temps dont vous avez la maîtrise. À vous de décider le degré de zoom que vous utilisez pour vos comptes-rendus.

De plus, c’est une manière d’en gagner. Cf plus bas.

“Ce serait injuste pour mes collègues”

Ah mais rien ne dit de faire vos compte-rendus dans votre coin !

Mettez-vous à plusieurs si vous devez rendre compte d’un projet commun, c’est plus fun.

En plus, c’est un bon moyen de se tenir au courant entre vous 💁

“Ça nourrirait ses critiques (négatives)”

Si vous pensez cela, prenez une minute pour chasser la bad vibe que ça crée, inspirez, expirez.

👆 On est face à une belle supposition.

J’ai bien connu cette peur. Il y a de nombreuses années, j’en étais arrivée à un tel degré de défiance à l’égard de mes collaborateur·rices, je n’osais plus partager l’avancée de mon boulot…. Tu parles d’une “co”llaboration ! Ça a mené à des oublis, du travail fait en doublon, des erreurs d’arbitrage, tout un bordel et un stress, qui auraient pu être évités si on avait toustes osé se transmettre les infos sans apriori.

Prenez une minute pour vous demander, objectivement : est-ce que votre boss est du genre à tout critiquer, en négatif ?

  • non ⇒ alors il n’y a pas de raison de craindre ça
  • oui ⇒ Si c’est inévitable (objectivement), dites-moi : vous voulez recevoir ces critiques à un moment décidé par ellui, ou par vous ?
Pourquoi rendre compte de son travail régulièrement ?

Comment rendre compte de son travail ?

Il n’y a pas une méthode parfaite pour rendre compte de son travail.

Parlez-en à vos collègues, surtout celleux qui sont impliqué·es dans vos actions. Pour trouver le degré de zoom adéquat, commencez par des compte-rendus assez concis.

Quelques pistes à tester pour les transmettre au·à la boss :

  • en direct 💬
    • solliciter un rendez-vous régulier, à un rythme adapté dans vos planning
    • intégrer cela à vos réunions
  • par écrit 📝
    • créer un document unique dans lequel vous consignez régulièrement la synthèse de vos avancées, et donnez-en l’accès à votre hiérarchie, et vos collègues (pitié n’envoyez que le lien dans vos emails 🙏)
    • s’il est fait sur tableur (type Excel ou Google Sheet), il y a en plus des moyens de rendre l’avancée des tâches visible en un coup d’œil, profitez-en 🌈 (je peux vous y aider)

L'avantage à moyen terme

Le moment clef où vous pensez que votre boss ne pige vraiment rien à votre taf, c’est quand iel prend une décision qui fout en l’air votre organisation.

C’est justement pour ça qu’il faut parler de votre boulot à vos supérieur·es régulièrement.

 

Imaginez

Régulièrement, vous faites un compte-rendu à vos collègues/votre boss de vos actions de la semaine/journée/mois.

Peu à peu, la·e boss connaît et comprend votre manière de travailler.

Arrive le moment, pour votre direction, de prendre une grosse décision qui vous concerne. Ça peut être un changement dans l’organisation du travail, une augmentation, une évolution de poste… un truc positif ou négatif, pour (ou contre) quoi vous devez argumenter.

Le terrain sera préparé.

Vous aurez alors derrière vous toute la préparation à votre argumentaire. Vous n’aurez pas à TOUT expliquer d’un coup, au risque d’avoir l’air de sortir des trucs de votre chapeau juste pour le plaisir de râler (ou de réclamer).

En bref

Rendre compte régulièrement de votre travail, ça ne fera pas tourner toutes les décisions à votre avantage par défaut.

Mais ça vous fera gagner une belle énergie, précieuse le jour où vous devrez vous mobiliser contre — ou pour — un changement d’orga, de salaire, de poste, whatever.

Psst, et si vous êtes vous-même manager… donnez cette possibilité à votre équipe ! Écoutez-les, et invitez-les à vous faire des compte-rendus synthétiques, mais réguliers. On en reparle 😉

Pourquoi rendre compte de son travail régulièrement ?

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