Le réseau BLA! pour les pros de la médiation en art contemporain
Vous travaillez dans la médiation en art contemporain et cherchez de l’inspiration ? Des ressources, des idées, des consœurs ou des confrères pour partager vos expériences ? Ne bougez pas. Aujourd’hui je vous parle de mon réseau de cœur : l’association BLA! réseau des professionnel·les de la médiation en art contemporain.
De tous les réseaux d’art contemporain de France et de Navarre, BLA! est mon chouchou absolu.
D’abord, parce que c’est le réseau des professionnel·les de la médiation en art contemporain. Soit ma spécialité de cœur, ma porte d’entrée dans l’art, le sujet de ma thèse et, pendant plus de 15 ans, un de mes nombreux métiers.
Ensuite, pardon mais on parle de pros dont le métier est d’accueillir, expliquer, écouter (entre autre)… les meilleures personnes quoi.
Et enfin, j’ai assisté à la naissance de BLA! et c’était trop chouette.
Je suis donc fort heureuse de vous parler de BLA! sur mon blog. Ça va se faire en deux parties :
- Aujourd’hui c’est moi qui parle. BLA! en quelques mots et quelques souvenirs
- Dans un prochain article, je donnerai la parole à trois supères personnes pour regarder tout ça d’un peu plus près.
BLA! dans mon parcours, une histoire de 💔
La rencontre
En 2016, j’étais chargée de production + d’action culturelle + de médiation dans une structure d’art contemporain.
J’aimais fort mon boulot, mais je me battais avec ce pluriposte pour une raison (tristement) simple. Dans ma structure, la médiation des arts visuels étaient un non sujet 🤷 Elle pouvait donc rentrer au chausse-pied dans un poste de chargée de prod, sans problème. Je caricature, il y avait aussi un souci de moyens financiers… mais tmtc, le manque de moyens n’explique pas tout.
À ce moment, j’ai rejoint quelques personnes chargées de médiation/des publics/action culturelle/assimilés basées en Île-de-France. On a discuté une fois ou deux ensemble, de notre taf.
C’était la première fois que je partageais des expériences avec mes pairs, sur un pied d’égalité, pas dans le cadre d’une interview pour ma thèse, pas entre deux portes un soir de vernissage.
Ces rendez-vous informels se sont transformés en réunions plus larges à travers Tram, réseau de structures d’art contemporain en Île-de-France. On s’est réunies entre pros de la médiation, toustes en poste dans les structures membres de Tram. Ça a été l’occasion de rencontrer d’autres consœurs (permettez-moi la règle de majorité) et échanger sur des projets de médiation, ce qu’on avait appris sur tel dispositif de financement, des trucs comme ça.
Je vous passe les détails, l’association BLA! a été, entre autres, créée à partir de ça (on en parle la semaine prochaine).
L'espoir
Au moment où l’association BLA! est née, j’étais tellement joie. La médiation, cette partie si malmenée dans mon job de l’époque, allait être représentée à l’échelle nationale 🤩
J’ai béni l’énergie et la bienveillance que ces personnes avaient pu mettre dans la création de BLA!
En tant qu’association, BLA! accueillait aussi bien des personnes physiques que morales. Je pouvais y adhérer en tant que moi-même, et/ou en tant que représentante du centre d’art où je bossais.
J’étais ravie de ce fonctionnement. J’y voyais un moyen de légitimer la médiation aux yeux de ma structure employeuse 😇 À terme, ça signifiait avoir des moyens adaptés, faire évoluer mon poste, enfin bref j’étais pétée d’espoirs.
On était en décembre 2017. Je crois que j’étais au sommet de mon aise dans ce job.
Et qui dit sommet…
4 ans plus tard, je me rappelle encore la violence du choc.
La brisure de cœur
Mon méga chef, le conseil d’administration de la structure qui m’employait, a refusé d’adhérer à BLA!.
Oué.
Ouch.
Inspiration, expiration.
Voilà leurs raisons :
- Le centre d’art fait déjà partie de deux réseaux, ça suffit, non ? (non).
- Et puis c’est quoi ça, un “réseau des professionnel·les de la médiation en art contemporain” ? Un syndicat ? Pourquoi on devrait y adhérer alors ? (bah oui Bernard*, un syndicat t’invite à adhérer en tant qu’employeur, c’est bien connu)
- Nan mais est-ce que le reste de l’équipe a besoin comme ça d’adhérer à des assos de pros ? (bah ça serait pas mal en fait)
- Mais regardez-moi ces documents et cette insupportable écriture inclusive… (là j’ai plus les mots)
En 2017, l’écriture inclusive, c’était encore plus méprisable qu’aujourd’hui, pour les vieux mecs blancs qui ont la morale pour eux. Les points médians de la documentation de l’asso leur ont été insupportables.
À tel point que ça a occupé une bonne partie de leur réunion. Et pas juste l’écriture inclusive : tout ce que ça implique y est passé.
- Et est-ce qu’on en a besoin de féminisme aujourd’hui (oui)
- et c’est quoi ces manières (c’est juste un point, respire et bois de l’eau)
- et on y capte goutte (fais un effort)
- et en plus z’avez vu, ya que des meufs au conseil collégial (toi Bernard* tu n’as vraiment aucune idée de la démographie en médiation culturelle, pas vrai ?)
*prénom changé, ou pas (je ne sais plus)
Avec mes collègues, on a dégringolé.
L'après-chute
D’abord, se voir refuser cette adhésion c’était dur.
En ce qui me concerne, ça signait le début de la fin de mon poste. Aucun espoir de donner une vraie place à la médiation dans ma structure ? OK, je ferais pas de vieux os là-dedans.
En plus, cette réunion du CA de l’enfer a ouvert les vannes du sexisme dans ma structure. À partir de là, chier sur le féminisme n’était plus un problème pour personne, chez les gentes de pouvoir autour de moi.
[Vous avez remarqué ? Quand un combat est remporté par les dominant·es de l’histoire, ces dernier·es se croient obligé·es de continuer à abreuver les vaincu·es de leurs arguments pétés.]
Depuis, j’ai quitté mon poste, sans quitter BLA! des yeux.
Et donc alors, qu’est-ce que BLA! ?
L’association BLA! en quelques mots
- le réseau national des professionnel·les de la médiation en art contemporain (ça, vous l’avez)
- présidé par un conseil collégial et non par un·e président·e,
- qui réunit :
- des personnes en lien avec la médiation culturelle, quel que soit leur statut et l’étendue de leur poste,
- et des structures, représentées par la personne occupant le ou les postes (not a joke) liés à la médiation dans cette structure.
- réparti sur tout le territoire et volontairement décentrée de Paris, même si les Francilien·nes sont fort présent·es dans ses rangs.
Les actions de BLA!
- Rassembler les pros de la médiation en art contemporain, au-delà des disparités de postes et de statuts qui vont du sol au plafond (salarié·e, indépendant·es, étudiant·es, multistatut…)
- Partager, échanger, discuter, s’écouter, s’inspirer, se former : en un mot profiter à donf des expériences de chacun·e et inventer des trucs, notamment lors d’une summer/autumn school annuelle
- Réfléchir aussi à la médiation en soi. Discussions, recherches et études sur des aspects structurels du métier, pas seulement les “pratiques” de médiation. On leur doit notamment une enquête sur la situation des acteur·rices de la médiation lors du premier confinement. Un fameux document où on se rend compte de la variété des statuts, la prégnance de la pluriactivité et la précarité générale (même hors pandémie).
- Et last but not least : représenter les professionnel·les de la médiation en art contemporain auprès d’instances consultées pour l’orientation des politiques publiques. Je disais ici combien c’est un gros chantier de notre secteur.
Voilà pour l’asso BLA!
La prochaine fois je laisserai la parole à trois de ses membres. Restez dans le coin 😉