C’est quoi le rapport entre des tips d’orga et l’actualité politique ?

C’est quoi le rapport entre des tips d’orga et l’actualité politique ?

Quel est le rapport entre des tips d’orga et l’actu politique ? En quoi des astuces Excel peuvent-elles changer le monde ?

Si vous naviguez un peu dans ce blog, vous croiserez divers types de contenus : des astuces pratiques, de l’actualité politique, un peu de ma vie et aussi mes lectures/écoutes/visionnages à découvrir. C’est quoi ce bazar ? Quel est le lien entre tous ces trucs ? Est-ce que ça a un sens de vous intéresser aussi bien à votre quotidien qu’à la big structure du secteur? Restez avec moi, je vous raconte.

C’est quoi ce bazar ?

C’est vrai qu’en vous baladant par ici, vous avez peut-être eu cette impression…

C’est vrai qu’en vous baladant par ici, vous avez peut-être eu cette impression...

Vous avez l’impression de faire le grand écart entre l’échelle micro, quotidienne, individuelle, et l’échelle macro, politique et structurelle ? C’est normal.

Sur ce blog, tout n’est pas pertinent pour vous, je peux le comprendre.

« Je bosse pour un centre d’art, j’ai le nez dans le guidon toute l’année ou presque, j’ai pas le temps de m’occuper des textes officiels. Mais je prends les tips que je peux appliquer dans mon taf dès maintenant. » (normal)

« Je cherche à sortir la tête de l’eau au taf, je vais pas en plus me fader l’actualité des arrêtés ministériels, si ? » (non)

« Moi ce qui m’intéresse c’est la politique, ranàfout des tutos pratiques. Tfaçons je n’utilise pas Excel. » (ok)

Quel est le lien entre tous ces trucs ?

Pour moi, ces deux échelles, macro et micro, servent la même cause : agir sur notre quotidien de travailleur·ses de l’art.

Mon rêve est de contribuer à faire du secteur de l’art a better place, et surtout a better place to work, et je pense qu’il y a plusieurs échelles d’action possibles.

Pouvoir changer des trucs à son échelle...

Je passe ma vie à me demander qu’est-ce qui pourrait être simplifié. Et à tester les solutions trouvées.

Je perds constamment mes codes d’accès à mes diverses plateforme administratives ? ⇒ je me fais un doc avec des aide-mémoire de mots de passe.

Je ne veux plus échanger 36 mails pour caler un rendez-vous ? ⇒ je me fais un compte Calendly pour partager mes créneaux dispo avec mes collaborateur·rices, client·es, stagiaires, et toute personne qui me propose un rencart.

Je cherche mes clefs beaucoup trop souvent car je les pose n’importe où en arrivant chez moi ? ⇒ je trouve un moyen de poser un vide-poche à côté de la porte, sur la porte s’il le faut, pour les retrouver dès que je sors.

Bricolage

Dans mon accompagnement, je me demande, avec mes client·es :

  • quel est le problème ?
  • d’où vient-il ?
  • est-ce qu’il a toujours les mêmes causes ?
  • Parmi ces causes, est-ce qu’on peut agir sur certaines d’entre elles ?
  • Est-ce qu’il a toujours les mêmes conséquences ?
  • Comment peut-on agir sur ses conséquences ?

Dans ma manière d’utiliser Excel, c’est pareil :

  • ce truc que je fais deux ou trois fois de suite, est-ce qu’il y a pas un moyen de l’automatiser ?

Quand je pense à mes collaborations, idem :

  • pourquoi on se retrouve face au même problème deux fois de suite ?
  • qu’est-ce qu’on peut faire pour l’éviter ?
C’est quoi le rapport entre des tips d’orga et l’actualité politique ?

Le but en général, c’est de gagner du temps, ou de la sérénité, de la précision, de la fiabilité dans mes actions — ou tout ça à la fois.

C’est ça que j’ai envie de partager : des moyens pour trouver la paix de l’âme au taf. À travers donc, mes formations (genre) et mon accompagnement individuel (ici). En vous montrant comment gagner du temps sur vos tableaux Excel (par exemple), je vous aide à alléger votre charge mentale, économiser vos forces et prendre soin de votre temps.

Mais ça ne fait pas tout, loin de là.

...tout en gardant en tête que le problème est systémique

J’ai identifié (dans cet article) plusieurs phénomènes qui rendent le travail dans l’art très difficile pour nombre d’entre nous :

  1. Le culte du travail-passion : on bosse tellement par amour de l’art qu’on ne bosse pas vraiment 💔
  2. Le manque de moyens financiers : on n’a pas les moyens de tergiverser sur nos méthodes de travail (du coup, heureusement qu’on ne bosse “pas vraiment”) 💸
  3. Des cadres réglementaires insuffisants et peu opérants 🏚️
  4. Une structuration du secteur su… per… lente 🐌
  5. Le manque de représentativité au sein des instances politiques, découlant de 👆
  6. Une individualisation des problèmes, qui masque son caractère systémique ⚙️
  7. Le manque de formation par manque de temps, de moyens, et surtout l’absence de “culture” de l’amélioration continue (ce qui est assez ironique pour un secteur culturel) 📚
À l’échelle structurelle et systémique, c’est quoi les principaux soucis du monde de l'art ?

En bref, il faut vraiment le vouloir pour bosser dans l’art !

Manifestement, on est nombreux·ses à le vouloir vraiment, et on est nombreux·ses à en payer le prix cher, en terme de conditions de travail. C’est un fait, pas un jugement (je serais bien mal placée pour ça).

Gardez bien ça en tête, quand vous bossez à améliorer vos process de travail avec vos collègues (/partenaires / artistes invité·es / vous-même) : il est possible d’agir sur certains de vos problèmes quotidiens, mais pas sur tous, il y a des causes qui vous dépassent. Et ce n’est pas votre faute, si malgré vos efforts vous avez l’impression que vos soucis font du surplace. Rassurez-vous, personne au monde ne peut pallier seul·e aux manquements d’un système, c’est normal 🤷

Les réponses institutionnelles et militantes

Les initiatives de professionnalisation dont je parlais ici (lien), qui sont autant militantes qu’institutionnelles, sont des réponses à ces problèmes. Elles ne résolvent pas tout, ce serait trop simple, mais elles façonnent, chacune à son échelle, le monde de l’art tel qu’il existe aujourd’hui en France.

Il est aussi utile de connaître ses limites individuelles que de prendre conscience des solutions collectives possibles. Pas de manière continue ou intensive, mais d’avoir en tête que des solutions existent, des actions sont mises en place, et que le jour où vous aurez le temps de vous en soucier, elles seront là pour vous.

les assos de pros, la vie

Et ce jour, pour qu’il arrive… c’est dans votre quotidien que ça se passe.

En quoi ça a un sens, de s’intéresser aussi bien à votre quotidien qu’à la big structure du monde ?

Je vois deux, voire trois avantages.

C’est bon à la santé

Avoir en tête toutes les échelles de l’action possible, ça fait du bien :

  • vous vous rappelez que quoi qu’il arrive, vous avez la main sur une petite partie du problème. Parfois une très, très petite partie du problème, mais c’est une vraie main.
  • savoir qu’en ce moment, ailleurs, d’autres personnes se réunissent pour agir, c’est assez réconfortant. Mais si on ne le sait pas, ça sert à rien 🤷
  • Et puis aussi…

Pendant que vous ne galérez pas sur votre tableau Excel, vous pouvez changer le monde

Je reviens à mes histoires de trucs et astuces.

Imaginez.

Une fois que vous avez instauré un truc, avec vos collègues, pour gagner du temps.

Une fois que vous vous êtes mis d’accord sur l’utilisation de votre tableau commun de suivi de projet (par exemple), et que tout le monde l’a acquis (oui, ça peut prendre du temps) : que ferez-vous du temps et de l’espace mental économisé ?

Pendant que vous ne galérez pas à compiler vos chiffres pour vos bilans annuels, votre cerveau est disponible : vous pouvez vous informer, discuter avec vos pairs, réfléchir à des moyens d’agir en commun.

Vos pouvez aussi faire une sieste ou sortir prendre l’air, et revenir relax au taf après.

Pendant que vous ne galérez pas sur votre tableau Excel, vous pouvez changer le monde

Accessoirement, vous pouvez mettre en chiffres les problèmes du monde

Il y a quelques années, je me suis mis en tête de parcourir le rapport du ministère de la Culture sur la répartition femmes-hommes dans les métiers de la culture et de la communication.

Le rapport est un ensemble de 89 tableaux qui donnent, pour la plupart, la proportion d’hommes et de femmes aux postes de travail et parmi les artistes soutenu·es, financé·es, récompensé·es par les institutions. Donc en gros, j’ai parcouru le rapport en cherchant les nombres supérieurs à 50 dans les colonnes “femmes” des tableaux.

Ce faisant, une intuition m’est venue : il y avait quand même pas mal de “40% et quelques” dans les chiffres. Dans le sens : dans beaucoup (apparemment) de cas, les femmes représentent au moins 40% des personnes qui occupent ce type de poste ou ont ce type de subvention.

Est-ce que je voyais cela parce que 40% est un nombre “pas si mal” quand on a renoncé à atteindre 50% ?

Ou parce que c’était le pourcentage ciblé dans la règlementation la plus récente sur la parité, à cette époque ?

(je ne sais pas si ça a changé depuis, en cet instant je m’en moque car je sais que les chiffres réels, eux, n’ont pas évolué).

J’ai voulu vérifier : est-ce qu’il y a vraiment une majorité de 40% dans les chiffres, ou est-ce que c’est juste une impression ?

Du coup j’ai saisi dans une feuille de calcul les centaines de chiffres que proposaient le rapport. J’ai fait une petite mise en forme conditionnelle pour faire ressortir le taux de femmes dans la culture, et… j’ai pleuré.

Mais au moins j’ai pleuré sur une jolie feuille de calcul 🥲

Répartition femmes-hommes dans les métiers de la culture et la communication, 2020
Plus c'est rouge, moins ya de femmes. Jaune = 50% tout pile. Plus c'est vert, plus ya de femmes.

En bref

Je suis convaincue que, malgré les contraintes du secteur, il est possible d’améliorer sensiblement le quotidien des travailleur·ses de l’art. En équipe ou indépendant·es, responsables de structures ou non, chacun·e à son échelle a les moyens, dans une certaine mesure, d’ajouter un peu de sérénité à l’exercice de son métier.

Ça ne veut pas dire que tout est dans les mains de chacun·e, et c’est important de savoir différencier ce qui relève du système — les grandes structures de pensée, le cadre législatif, les conditions matérielles, les décisions des gentes qui ont plus de pouvoir que nous — de ce qui relève de votre propre responsabilité.

Connaître des méthodes d’organisation c’est bien. Savoir dans quelles conditions on peut décemment en attendre une amélioration de nos conditions de travail, c’est mieux.

Je répète : je ne dis pas qu’il suffit de booster ses méthodes de travail pour diminuer la pression, les burnouts et le turnover des équipes dans les structures culturelles. Mais connaître le macro système dans lequel on travaille est une étape indispensable pour identifier ce qui, à notre niveau, peut être amélioré.

En un mot oui, triturer vos tableaux Excel ou vous prendre la tête pour simplifier vos réunions, ça a un sens politique.

triturer vos tableaux Excel ou vous prendre la tête pour simplifier vos réunions, ça a un sens politique.

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